MADLEEN LESLIE

HUNTINGTON

© blackbird.

Spoiler:

« Mother. Why do I have to do this? » demanda-t-elle. Et comme toujours la réponse fut « Because I said so. »
Voilà des années déjà que c'était ainsi que ça se passait chez les Huntington. La jeune enfant était bien curieuse et vive d'esprit mais sa mère ne pouvait supporter cette manie qu'avait sa fille de lui demander pourquoi on l'obligeait à faire telle ou telle chose. Et c'était donc pour éviter toute explication -que la plupart du temps elle-même ignorait- et disait tout simplement à Madleen que c'était ainsi parce qu'elle lui disait que c'en était. Et bien qu'insatisfaite à chaque fois, la fillette apprit à accepter que cette phrase serait la réponse à ses interrogations auprès de sa mère. Et que si elle voulait avoir réponse à ses questions elle se devait de chercher autre part. Fille unique, elle ne put trouver de l'aide chez un frère ou une soeur. Et n'étant pas proche de son père, elle ne pensa jamais à le bombarder de ses questions sur les moindres détails de la vie. Ce fut donc à une autre personne qu'elle se tourna : son oncle.
Trevor Lloyd était tout ce dont pouvait rêver une femme. Un homme bien, qui respectait ces dames. Il était extrêmement cultivé et incroyablement généreux. Charmant, on ne pouvait s'empêcher de ressentir de la sympathie pour lui. Sauf qu'il ne trouva jamais chaussure à son pied. Sa soeur lui disait tout le temps « It's certainly because you left Daphne at the alter. It's karma. » Oui, elle croyait au karma et elle pensait franchement que son frère ne faisait que payer pour ce qu'il avait fait subir à son ex fiancée. Mais qu'était-il sensé faire quand il apprit qu'elle n'aimait en lui que sa fortune? « Oh. So now you actually wanted her to be part of the family ? » ironisa-t-il un soir qu'il dinait chez sa soeur, après que celle-ci remit l'histoire sur le tapis. « Oh no dear. You know I had known since the very start that she wasn't in love with you. » « But you couldn't tell me so, of course. » ne put-il s'empêcher de répondre. « You wouldn't have believed me. Love is blind, as they say. » Ne voulant s'étendre sur le sujet, après un bref « Uhum. » Trevor se dépêcha de changer de sujet. À cette époque-là, Madleen n'avait encore que dix ans. Trevor adorait les enfants et il adorait Maddie non pas seulement parce qu'elle était sa nièce mais pour sa bonne humeur. Il ne manquait jamais de lui de lui apporter un cadeau quand il visitait les Huntington. Et il lui rappelait constamment que peu importe ce dont elle avait besoin, elle pouvait le lui demander. Il n'avait jamais eu la chance d'avoir d'enfants, il se récupérait donc comme il pouvait avec sa nièce quand il le pouvait. Et quand elle vint lui poser des questions sur son travail plus tard ce soir-là, il ne put qu'en être ravi. Il lui en parla et bientôt, ce fut elle qui lui parla de sa vie. Elle put lui demander ce qui la tracassait depuis quelques temps. Elle le questionna sur le pourquoi du comment d'apprendre à marcher droite avec des livres sur la tête, d'étudier tant de choses, de devoir apprendre le chant et la danse et tant d'autres choses que l'obligeait sa mère à faire, dès son plus jeune âge. Et il lui expliqua. Pour la première fois, Madleen découvrit les joies de parler avec une personne qui lui parlait comme à une égale. Elle était intelligente mais on la traitait généralement comme une gamine, comme on traite les autres enfants. Et Maddie ne pouvait supporter ceci. Elle adora donc forcément parler à son oncle et l'expérience se répéta jusqu'à devenir une habitude, voir même un réflexe. Il prenait la place de son père en quelque sorte. Et elle prenait chez lui la place de la fille qu'il n'avait jamais eu.
Et la petite fille grandit. Bientôt elle avait quinze ans. Elle avait bien changé. Mais en mieux. Beaucoup plus affirmée qu'à l'âge de dix ans, on ne pouvait s'empêcher de la remarquer. Pas seulement pour sa beauté mais aussi pour sa grace. Son entrée en scène était toujours immanquable. Bourgeoise et fière de l'être, elle n'en était pourtant pas vaniteuse mais plutôt orgueilleuse. Elle avait une belle opinion de sa personne et ne donnait pas d'importance à ce qu'on pensait d'elle. Elle marchait et parlait comme bon lui semblait. Elle ne se mélangeait qu'à ceux qu'elle trouvait dignes d'être des siens. Et c'était souvent l'orgueil des gens qu'elle estimait. Ceux qui n'étaient pas fiers de qui ils étaient ne faisait pas partie de son cercle d'amis, bien qu'elle eut une profonde pitié pour eux. À l'école privée où elle étudiait elle était la reine qui malgré tout ne se montrait ni méchante ni blessante. Mais rien que son existence brisait le coeur de bien des gens. De jeunes filles qui rêvait d'avoir autant d'élégance et de savoir qu'elle. De jeunes garçons qui rêvaient d'elle mais qui ne pouvait l'approcher. Et même ceux qui pouvaient l'approcher n'osait lui poser la question. Certains craignaient le refus, d'autres ne savaient même pas pourquoi le courage leur manquait, une fois face à elle. Madleen de son côté aimait cette impression qu'elle faisait. Elle imposait le respect des autres sans faire le moindre effort. Et lorsqu'on la contraignait, il suffisait qu'elle parle et en quelques mots son interlocuteur était convaincu, charmé. Elle ne manquait jamais d'éblouir avec le tant de savoir que renfermait sa petite tête. Mais en plus de cela, elle avait ce petit quelque chose, cette façon de faire et de dire les choses qui faisait toute la différence. D'ailleurs, sa mère ne manquait jamais de se vanter de sa fille. À chacune de ces soirées entre bourgeois, elle ne pouvait s'empêcher de présenter Maddie à tous et toutes. Et rien que les toilettes de la jeune fille impressionnaient tout le monde. Et le fait qu'elle soit déjà posée et si mure malgré son jeune âge ne pouvait qu'appuyer ce que Madame Huntington disait en parlant de sa fille avant de la présenter à quiconque « Madleen is such a wonderful person. There she comes, be ready to be stunned. »

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Je savais que ça arriverait un jour. Je le savais. Ce n'est pas la fin du monde, certes. Mais j'ai horreur des imprévus. Voilà une heure que j'attends déjà. Si seulement je pouvais joindre le chauffeur. Il faudra d'ailleurs en parler à mère, il lui faut absolument un téléphone portable à Stue. Que faire? Continuer d'attendre? Oh non, il n'en est pas question. Bon. Et bien je rentrerai à pieds, c'est bien ma seule option. Après tout, je connais le chemin. Et je sais crier fort, au cas-où. De même je sais courir très vite. Mais pas de course à moins qu'il y ait un autre imprévu. Allez, tête haute, marche détendue. L'attitude est tout. Si tu as l'air de savoir ce que tu fais, personne ne viendra te déranger. Ready, set, go.

Et on la vit marcher assurément, un pas après l'autre. Elle était si belle avec son uniforme et ses cheveux en queue de cheval. Bientôt l'école était bien derrière elle. Elle changea la main avec laquelle elle tenait son sac à dos et la tête haute, elle poursuivait sa marche. Elle s'attendait déjà à voir apparaître dans champ de vision progressivement l'autre école. Une école publique qu'elle observait d'habitude de la voiture pendant chaque trajet. Et ceci ne tarda pas à arriver. Les lieux étaient presque déserts. Chose naturelle, la plupart étaient déjà chez eux. Il y avait un couple qui se pelotonnait, sous un arbre. Apparemment, ils étaient les seuls dans le coin. Maddie détourna rapidement son regard et continua de marcher, l'air de rien. Mais elle se rendit rapidement compte qu'il n'y avait pas qu'elle et le couple dans le coin. En parallèle, sur l'autre trottoir. Elle aperçut à demi, tout en regardant en face d'elle, une tête qu'elle avait déjà vu. Il s'agissait d'un jeune homme - de son âge peut être?- blond. Elle ne broncha pas plus que ça et n'essaya pas d'en voir d'avantage, concentrant son attention sur le route qui l'attendait. Sauf qu'elle mourait d'envie de se retourner et de voir de qui il s'agissait. Mais si jamais il s'agissait d'un pervers obsédé ou un voleur? Elle ne voulait pas lui donner une occasion de venir à sa rencontre, non pas du tout. Et s'il daignait venir vers elle, elle avait déjà un plan tout prêt : Elle lui donnerait un coup bien placé et s'enfuirait à toute vitesse. Et en chemin elle appellerait la police. Mais jusqu'à là, rien de tout cela ne semblait sur le point de se passer. La jeune fille arrivait bien à freiner sa curiosité. Et l'inconnu continuait son chemin de son côté, tout en la regardant de temps à autres. Bientôt arrivée à son quartier, Maddie se mit à fouiller son sac, à la recherche de son téléphone portable. Et d'un coup, tout ce qu'elle vit ce fut le sol qui se rapprochait et une douleur qui arriva tout juste après.

Non mais. Non mais là c'en est trop! Deux imprévus dans un même jour. On s'fout d'moi ou quoi ?! Pas de voiture, okay. Me ramasser en pleine rue, y a pas moyen.

Sauf que si, c'était bel et bien le cas. Madleen qui d'habitude était dotée d'une grande prestance venait de tomber. Non, de s'étaler par terre. De même pour son sac. Ses livres et cahiers se retrouvèrent donc éparpillés ici et là. Mais le premier réflexe de la demoiselle ne fut pas de se relever mais plutôt de vérifier si sa jupe ne s'était pas relevé, et dieu merci que non. Suite à cela elle essaya de se relever mais c'était douloureux. Elle s'était écorchée les paumes des mains et ses genoux. Pas de chance. Non pas du tout. Elle préféra donc rester un peu assise, par terre, jusqu'à se sentir capable de se remettre debout. Quand tout à coup, elle se souvint du jeune homme qui l'avait "accompagnée" jusque là. Avait-il continué son chemin? Et en guise de réponse, une main s'offrit à elle. Elle savait déjà à qui elle appartenait mais elle leva tout de même la tête et vit un visage curieux qui l'observait. Après une brève hésitation -oui, elle reconsidérait son plan de tout à l'heure; il serait toujours applicable, au cas où- elle joint sa main à la sienne et laissa le bel inconnu l'aider à se relever. Effectivement, sa tête lui était familière. Elle l'avait déjà vu auparavant maintes fois. « Comme le noble prince sauvant la belle en danger. » lui dit-elle, « Qui a dit que t'étais belle ? » répondit-il alors, « Tu ne me quittes pas des yeux, il doit bien y avoir une raison. » Cette réponse sembla désarmer le jeune homme. « Je. Tu... » fut tout ce qu'il put dire. Maddie sourit, satisfaite par sa réaction. Sourire auquel il retourna un haussement de sourcils.


UNDERCOOOO. Ne lisez pas, c'est trop horrible, j'ai honte.

MISCHAAA. Carrément.
Merci!