« Promets moi une chose ma Silver, une seule chose … » Sa voix était à bout de souffle, il murmurait presque, dans un dernier effort. « Zadig ne commence pas comme ça, on dirait que tu parles comme si c’était la fin, tu peux te battre, promets moi de te battre ! » J’essayais de retenir tant bien que mal mes sanglots mais je n’étais pas convaincante, ni dans cet étrange calme qui régnait sur mon visage ni dans mes propos. « Mais Silver … C’est la fin, j’ai plus d’énergie, plus de volonté. Promet moi une chose s’il te plait. » « Tout ce que tu voudras … » Un dans un léger murmure il sortit l’une de ses dernières phrases. « Ne replonge pas. » Là c’en était trop, trop de pression, trop de haine et de colère, trop de chagrin. Je m’effondrais, pleurant à chaude larme sur le corps presque sans vie de l’homme que j’aimais. C’est à ce moment précis que j’ai su à quel point je devais lui rendre honneur ou du moins à quel point je devrais lui rendre honneur. « Je … Je … » « Silver promets le, jure moi de ne plus retomber dans cet enfer, pour moi, au nom de l’amour. » Je pris une lente respiration, séchais mes larmes, souriais comme je pouvais et le fixais droit dans les yeux : « Je t’en fais la promesse, pour toi, à toi. Je t’aime Zadig, je t’aime tellement. » Il esquissa un faible sourire, utilisant ses dernières forces. « Je t’aime aussi. Et contrairement à toi, tu auras et tu seras la seule femme que j’ai toujours aimé. » Et puis comme pour marquer la fin d’une histoire, il ferma ses yeux, se laissant plonger dans un long et profond coma. Je lui serais le plus fort possible la main comme si il pouvait encore le sentir mais lui, ne me tenait plus, sa poigne qu’on lui connaissait si bien était sans vie, comme son corps.

« Mademoiselle Marvels ? » Je me tenais droite, raide comme un piquet dans un grand couloir blanc du St German Hospital, un homme en blouse s’était approché de moi, l’air grave. « Oui c’est moi. » « Enchanté, je suis le Dr. Wildmore. » Et comme pour n’importe quel protocole de courtoisie il me serra la main. Je n’avais qu’une envie, lui faire manger les dossiers qu’il tenait entre ses bras. Comment faisaient ces personnes du corps médical pour être aussi détachées de leurs patients ? Était-ce une façon de pas souffrir constamment .. « De même. » « On m’a dit que vous étiez une des rares personnes proches que Mr. Swallon avait. » « Je vous arrête tout de suite, j’étais la seule, je suis la seule. Sa famille n’existe pas. » « Oui, hm, très bien je comprend. Alors vous comprendrez que toutes les suites médicales devront être décidées par vous ? » « Oui je l’ai bien compris et il n’y a aucun soucis. » « Alors je vous explique rapidement. Zadig Swallon a subit un accident qui a laissé place à des graves séquelles. Nous avons du le plonger dans un coma artificiel, il souffrirait bien trop et mourait sans ça. Seulement voilà, cet état n’est pas vivable à long terme. Nous ne lui donnons qu’un an à tenir, si aucun améliorent ne se fait sentir d’ici là, nous nous verront obligés d’arrêter le processus et donc ce mettre fin à la vie de votre conjoint.» Mettre fin à sa vie ? Jamais, c'était trop dur à s'avouer. Je ne pouvais pas être certaine de son rétablissement mais il fallait que je garde espoir. Un an, si dans un an Zade ne se réveillait pas je le perdrai ...

Silver a écrit:

Je ne sais pas ce qu’il me prend, une envie soudaine et terriblement stupide celle d’écrire noir sur blanc à la plume la rancœur que j’ai contre ce monde. Ce monde dans laquelle je vis sans l’avoir décidé. Oui j’ai décidé de t’écrire sachant pertinemment que tu ne me répondras pas, trop occupé à courir avec les anges dans ce haut ciel. Peut être que tu m’entends, peut être que tu me vois, je ne l’espère pas en tout cas. Tu aurais de moi l’image d’une fille détruite par la vie et rongée jusqu’aux os. J’ai terriblement honte mais j’ai plongé dans un tourbillon terrifient celui de la solitude, de l’ennui et de la routine. Le monde était différent quand tu étais là, je voyais la vie avec un regard autre, bien plus ouvert et constructif. J’avais appris à apprécier la moindre petite chose et maintenant je ne sais pas me contenter du minimum. Je me déteste et me dégoute, j’ai changé, beaucoup trop changé. Quelle image as-tu gardé de moi ? Celle de la Silver amusante, souriante et pleine de vie ? Détrompe-toi Zadig, je ne suis plus ce semblant de bonheur. Je suis pourrie jusqu’à la moelle … J’ai fais des choses mal, j’ai replongé Zadig, tu comprends ça ? J’ai revu mes vieux démons et je n’arrive plus à m’en séparer ! Avec toi c’était si simple … Je n’y pensais même pas ! L’opium, la coke, l’extasy pff … Tout ça ne signifiait rien comparé à l’extase que ton sourire et ta voix me procurait. Tu es parti, dans l’au-delà et même si j’essaye de lutter contre ce poison je ne peux rien faire, l’appel de la souffrance est bien trop puissante.
A chaque respiration de poudre blanche, à chaque joint que je porte à ma bouche, ton image me revient, ce fameux soir me revient en tête. J’ai peur, je suis effrayée, je m’en veux pour tout. Je t’avais juré de ne pas te décevoir, et j’ai raté, je suis minable Zadig et ce qui me désole c’est le fait de savoir que même si j’en venais à mettre fin à mes jours je ne serai pas certaine de te retrouver …

Je venais comme tous les soirs après le boulot à l'hôpital St German, cela faisait maintenant huit mois que Zadig était dans le coma, son corps inerte allongé sur un lit blanc. Je venais le regard fatigué, le moral à zéro et les dents serrées. Je ne m'attendais plus à rien de bien, plus que quatre mois et l'horloge cesserait de compter les minutes. « Mademoiselle Marvels ? J'ai un bonne, une excellente, une énorme nouvelle ! » Seulement en voyant le dr. Wildmore sourire jusqu'au oreilles je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un sourire. J'avais appris à le connaître, j'avais parlé de longues heures avec lui, il m'avait aidé à accepter l'état de Zade. « Ne me dîtes pas que .. qu'il .. » Serait-ce enfin la fin d'un énorme cauchemar ? Était-ce enfin le bon soir ? Les airs qu'il avait pris me le faisait comprendre sans prononcer un mot. « Et bien si ! Il s'est enfin réveillé, il y a à peine une heure. Je ne voulais pas vous appelez, je savais que vous viendriez ce soir. » Mon cœur battait à tout rompre, j'avais la bouche ouverte mais aucun son ne pouvait en sortir. Les larmes montèrent, ce n'était pas de la tristesse mais de la joie, pure et dure. « Je peux pas le croire ! Je ... merci docteur, merci du fond du cœur. Je peux le voir ? » Je m'étais calmée, ayant repris mes esprits mais en ayant toujours du mal à comprendre ce qui se passait réellement. « Évidemment ! Seulement voilà ... Il arrive à parler normalement, à manger et tout le reste mais il a perdu la mémoire. Une mémoire de quatre ans. Il sait qui il est et il sait qui vous êtes. Seulement vous m'avez dit être en couple avec lui depuis trois ans et ... il ne s'en souvient pas ... Il a gardé l'image de vous d'une jeune femme souriante et pleine de vie, qui serait sa meilleure amie ou une femme qu'il apprécierait énormément mais pas celui d'une compagne ... ». J'aurais du m'y attendre. C'était trop beau pour être vrai ... « Ce n'est pas grave, il faut que je le vois, qu'importe l'image qu'il a de moi. »

« Hey ... » Il était donc bien là, parmi les vivants, adossé au mur de sa chambre. Il avait l'air en forme, du moins il n'avait plus le visage tout blanc et des cernes immenses. Il était beau, comme toujours. « Silver ! » « Et oui .. Tu te souviens au moins de mon prénom ... » Je baissais les yeux et il ne répondit pas tout de suite, laissant planer un silence gênant pendant quelques secondes. « Je sais pas quoi dire ... Le Dr. Wildmore m'a raconté qu'on sortait ensemble depuis trois ans mais je ne me rappelle que des évènements des quatre dernières ... Je sais que je t'aimais beaucoup mais impossible de savoir si déjà à cette époque là je t'aimais tout simplement. » Une larme coula sur ma joue, je pensais pouvoir affronter ça facilement mais ce ne serait qu'une épreuve de plus. « Évitons de parler de ça s'il te plait. On est seulement meilleur ami ... Tu ne seras plus jamais amoureux de moi et c'est tout , rien de plus simple, je n'aurai qu'à faire comme si de rien n'était ! ». je vins m'asseoir à côté de lui. Les choses ne seraient jamais plus pareil.



Cela faisait maintenant deux semaines que Zadig s'était réveillé mais l'hôpital préférait le garder encore un mois pour ne rien risquer. Rares étaient les personnes qui réussissait à sortir du coma après huit mois ... Je venais lui rendre visite comme tous les mercredis. Oui, les visites se faisaient plus rare ... J'avais beaucoup de mal à affronter son regard. Je l'aimais toujours et lui n'avait de moi que la simple image de la gentille fille sans problème.
Ce matin, Zadig dormait encore quand j'étais arrivée dans sa chambre. Je préférais ne pas le réveiller. Je vis un petit carnet posé sur sa table de chevet. Je savais que je ne devais pas l'ouvrir, il avait des airs de journal intime mais l'envie était trop forte. Je regardais la dernière page.

Zadig a écrit:

[justify]Si tu savais Silver ... Si tu savais rien qu'un morceau de la vérité ... Me regarderais-tu de la même façon ? Si jamais tu venais à apprendre que je n'avais jamais perdu la mémoire m'aimerais-tu encore ? Je dois souffrir au moins autant que toi en ce moment ! Le secret est dur à garder mais je crois que tu souffrirai d'autant plus si tu savais ce qu'il c'est réellement passé.
Le soir de l'accident je t'avais dit avoir un dîner de travail mais ce n'était pas vrai. Je devais manger avec Yodélice. Je te trompais avec elle depuis presque un mois. J'ai été con, tellement con. Je ne l'aimais pas, c'était comme un défi personnel, me prouver que je pouvais encore faire tomber les filles. Bordel, quel con ! Je t'aimais, je t'aime encore. Je n'ai jamais arrêté de t'aimer mais je suis certain que si tu apprenais ma liaison avec elle tu me haïrais. Alors oui, je joue encore au con absolu, je te mens pour pouvoir voir ton sourire, ton regard encore et encore. Si je t'avouais tout, ça serait terminé, tu partirais et plus jamais je ne te parlerai et ça je refuse.
Yodélice passe souvent dans ma chambre mais je refuse de lui parler, si elle n'avait pas été là rien de tout ça ne serait arrivé. Je t'aurais demandé en mariage le lendemain, parce que oui, je comptais t'épouser. La bague que j'avais dans ma poche le jour de l'accident en est la preuve. J'aurais tiré un trait sur cette femme qui ne t'égalais pas, qui ne t'arrivait même pas à la cheville ! Mais voilà rien ne s'est passé comme prévu.

Je suis dans un tourbillon de mensonges mais je préfère m'enfonçais là-dedans.
Peut-être qu'un jour tu finiras pas tomber amoureuse de quelqu'un et tu referas ta vie, me considérant à ton tour comme un vulgaire ami. Je l'espère, ça me ferait moins mal.

Je t'aime Silver.

Je reposais la lettre délicatement. Oui c'était certain maintenant je le détestais ! Comment avait-il pu me faire tout ça ? Lui souffrir autant que moi en ce moment ? C'était réellement n'importe quoi. Je venais d'apprendre qu'il m'avait trompé mais qu'il voulait me demander en mariage et qu'il me mentait depuis le début. Je n'arrivais pas à le croire, c'était trop, beaucoup trop. Je la remettais donc en place et m'avançais vers sa veste. Je mis ma main dans une poche et en ressortit une petit boîte en velours. Les larmes montèrent encore une fois et elles coulèrent quand je m'aperçus qu'une bague s'y trouvait. Je devais faire comme si de rien n'était, je ne viendrais juste plus et peut être que si il tenait réellement à moi il m'avouerait tout. Ça serait la meilleure des choses ... Quoi qu'en faite non, pas forcément ... Et merde j'en sais rien, je sais plus rien, un rail et tout ira mieux.

Spoiler: